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Conférence FAB9 : le tsunami FabLab

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Chaque année, la conférence FAB réunit les animateurs de FabLabs, ces espaces d’innovation ouverte qui fleurissent depuis 10 ans partout dans le monde. Cette année, FAB9 a eu lieu fin août à YokohamaCamille Bosqué – qui réalise une thèse sur les FabLabs – y était. Voici la première partie de son carnet de bord.

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J’arrive aux alentours de Fab9 à 17h. Alors que je demande ma route à un japonais à la sortie de Bashanishi station à Yokohama, Laurent Ricard me tape sur l’épaule : il connait le chemin, nous sommes à 500 mètres de là où se tient la cérémonie d’ouverture de Fab9. J’abandonne le monsieur et je le remercie rapidement.

À l’aube d’une renaissance…

À l’entrée, on nous remet un sac en coton rempli de goodies. Nous avons notamment droit à un sublime t-shirt marqué du slogan de cette neuvième édition : “Personal fabrication as the dawn of new renaissance 2013.” Se produit alors ce qui se arrive systématiquement : j’aperçois dans la foule Emmanuel Gilloz et son chapeau. Cette fois-ci il ne transporte pas de FoldaRap, mais une trottinette. Pressé par le temps au moment du départ, me dit-il, il a dû faire un choix crucial –  imprimante 3D ou trottinette – pour aller plus vite à la gare.

Nous formons avec Emmanuel et Laurent un sympathique trio français, excités d’être là et de se retrouver aussi loin de nos terres habituelles. Tandis que je suis à Tokyo depuis plus de dix jours, eux viennent d’arriver. On échange nos impressions. Ils sont un peu épuisés mais heureux d’être enfin à destination. Tous deux ont fait quelques tours dans le quartier pour repérer ce que seront les lieux importants de FAB9.

Nous passons d’abord une petite heure dans le rez-de-chaussée du FabLounge où sont rassemblés des stands de sponsors (Roland DG, Toshiba et quelques autres). L’occasion d’admirer un système de capteurs pour smartphone destinés à faire tourner un plateau de sushi et d’autres “innovations” et applications technologiques qui semblent être là davantage pour justifier la présence des sponsors que pour réellement apporter de l’eau au moulin.

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Bienvenue à Yokohama !

Nous montons à l’étage supérieur où va se tenir la soirée d’ouverture. Neil Gershenfeld est déjà là, assis dans un coin à côté d’Hiroya Tanaka, organisateur de l’événement qui porte pour l’occasion un sublime kimono. Sherry Lassiter, rayonnante, est chargée de présenter la cérémonie. En réalité, il s’agit plutôt d’une succession de petits discours formels des sponsors et partenaires et du maire de Yokohama qui se dit honoré d’accueillir dans sa ville un événement qui, selon lui, agit comme une projection dans le futur pour l’ensemble des acteurs réunis ici. Les applaudissements sont chaleureux, on nous tend des petits récipients carrés fabriqués en bois au FabLab et remplis de saké.

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Neil Gershenfeld aura le dernier mot : “Fab9 sera le meilleur Fab, encore meilleur que les années d’avant.” L’année prochaine nous serons réunis à Barcelone, Fab City. Puis, c’est l’occasion d’apprendre à toute la communauté que Fab11 se tiendra… à Boston ! Une très bonne perspective. Selon une tradition japonaise, Neil Gershenfeld est ensuite invité à casser d’un coup de masse un baril de saké. Les flashs pleuvent. Nous levons tous notre godet en disant « Kampai ».

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Fab, Food and Fun

Fab9 organise des FabFood workshops, des ateliers tous les soirs pour préparer à manger ensemble. Nous avons la possibilité de nous inscrire pour diverses spécialités, des sushis maki aux udon. C’est en fait précisément les deux plats pour lesquels je me suis inscrite. Il y a ensuite un buffet dans la salle du bas, où Hiroya Tanaka joue du jazz à la clarinette et au saxo accompagné d’un pianiste et d’un bassiste. Malgré les encouragements de la foule, Alex Schaub ne monte pas sur scène jouer de la guitare basse. On sert de la bière et du fromage. Hiroya Tanaka danse, chante et embrasse tout le monde.

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38 nationalités différentes

C’est incroyable de voir ainsi rassemblés en un même lieu autant de gens que j’ai croisés à différents moments de l’année. Alex Schaub du FabLab Waag que je suis allée rencontrer à Amsterdam pendant OHM, Tomas Diez de Barcelone qui porte un badge marqué “Tomas 10” (son nom de famille mais aussi pour Fab10 qu’il est fier d’accueillir l’an prochain), Jens Dyvik qui me dit dans l’oreille qu’il n’a pas encore fini de monter son film et qui dort à l’hôtel du coin, Izumi Aizu qui m’offrira un toit le dernier jour de mon séjour et que j’avais déjà croisé au FacLab cet hiver, Rodolfo Baiz du Luxembourg avec qui j’ai échangé sur Facebook et que j’ai retrouvé cet après-midi au FabCaféPeter Troxler que j’avais récemment croisé à OHM, avec qui j’ai beaucoup échangé pour FabResearch et quelques nouvelles têtes, des responsables d’un FabLab en Israël, d’un autre à 100 km de Copenhague et un jeune homme du Colorado qui veut monter un nouveau FabLab là-bas.

Il y a aussi quelques étudiants ingénieurs français et belges en stage à Tokyo qui se retrouvent là par curiosité et qui ont l’air de découvrir le concept de FabLab à l’occasion de l’événement. L’un d’eux finit par poser à Laurent beaucoup de questions sur le FacLab de Gennevilliers. Il y a quelque chose de très drôle à parler de ce qui se passe dans les murs du FacLab au fin fond du Val d’Oise en étant en plein coeur du Japon, une dose de saké à la main, entourés d’une grande partie de la communauté internationale. Emmanuel Gilloz semble regretter qu’il n’y ait pas plus de Club-Mate. Nous sommes frappés l’un et l’autre par la différence d’ambiance entre ce que nous vivons là et la manière dont les choses se passaient à OHM au début du mois. Néanmoins, cette impression de grand écart entre deux univers cousins me plaît beaucoup. Dans tous les coins de la pièce on assiste à des scènes de retrouvailles et à des regroupements. Il y a quelque chose d’assez grisant à faire partie de cette fourmilière et à être soi-même assimilée à ce petit monde.

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Deuxième jour à Yokohama mais premier jour pour FAB9. Hier n’était qu’un avant-goût. La journée commence par un petit déjeuner au cours duquel nous constatons que de nouvelles têtes (fatiguées) sont apparues pendant la nuit. La matinée est consacrée aux présentations des FabLabs d’Amérique du Sud et du Nord. Au premier rang de la grande salle, Sherry Lassiter et Neil Gershenfeld sont installés et organisent la succession des présentations. Pas plus de cinq minutes par personne. Les images des diaporamas défilent toutes seules.

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Une vingtaine de FabLabs se sont présentés, depuis FabLab Brasil avec Heloisa Neves jusqu’au FabLab de Chicago en passant par le réseau des FabLabs Latin America et le FabLab d’Israël : “Sorry we do not belong to America, Europe or Africa…” Des mots clés reviennent souvent et il y a une sorte d’unité dans toutes les présentations même si certains lieux existent depuis plus de deux ans quand d’autres projettent d’exister dans six mois : empowering people, apply knowledge, community outreach, entrepreneurship of the 21st century, collaboration, hands-on education, inclusive design… Il aurait été possible de somnoler un peu si Hiroya Tanaka n’avait pas lancé le Fabbercize, un petit exercice physique qui est prévu au programme quotidiennement, basé sur cette vidéo.

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L’art de plier

La fin de matinée est consacrée à une présentation complète par Tomohiro Tachi de l’université de Tokyo et Erik Demaine du MIT d’un exposé appelé “The science of Origami” rapidement renommé par Tomohiro “How to Fold Almost Anything” (en hommage au cours de Neil Gershenfeld “How to Make Anything”). Sur l’écran nous avons pu voir des surfaces devenir volumes en 3D par la force de calculs numériques, des matériaux qui se plient sur eux-mêmes une fois incisés et sous l’effet de la chaleur ou d’ondes électromagnétiques.

L’une des particularités du discours tenu par les deux intervenants tient à la manière dont ils essaient de rationaliser et de formuler en modèle mathématique les processus séquentiels de construction des origamis. Neil Gershenfeld, à la fin de la présentation, a d’ailleurs raconté la manière dont Erik Demaine est souvent venu au Lab en disant : “Voilà, j’ai cette forme sous les yeux, mais je ne sais pas si elle existe scientifiquement.”

Les exposés de cette fin de matinée ont montré un visage des FabLabs très scientifique et extrêmement connecté à une recherche en ingénierie mathématique. D’une manière assez frappante cela entrait en contraste avec les présentations du reste de la matinée, qui montraient sur l’écran des sessions d’initiations ou des projets très “grassroots”, loin des sphères technophiles du MIT et davantage centrées sur des conceptions locales, sociales et pédagogiques.

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Le midi, les participants étaient divisés en plusieurs groupes selon les préférences alimentaires (halal, végétarien ou pas). L’après-midi était dédiée aux “workshops”. Ce sont en réalité des moments dirigés par des intervenants experts du sujet qui visent à rassembler autour d’une table les personnes intéressées pour présenter et discuter certains projets ou certaines méthodes partagées entre plusieurs labs.

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Le FabLab de Barcelone

Je décide d’assister au workshop “Green Fab : self sufficiency energy, tools and food.” animé par Tomas Diez du FabLab Barcelona. Pendant ce workshop, Tomas présente plusieurs projets. Après un bref rappel des “challenges” (comment combiner l’augmentation de la population, le manque de ressources énergétique et alimentaire) Tomas a insisté sur la manière dont le FabLab Barcelona qu’il chapeaute a l’intention de se mettre dans la lignée de la 3e révolution industrielle telle que décrite par Jeremy Rifkin : « lateral capitalism and distributed manufacturing« . Selon lui, les FabLabs remplissent parfaitement cette définition. Tomas définit les FabLabs comme des lieux d’empowerment, d’open collaboration, comme un réseau distribué de ressources et de savoir, un modèle de production distribuée.

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- FabLab House

Tomas explique que les contours des modèles de production évoluent. Cela doit pouvoir générer de nouveaux projets ambitieux. La FabLab House en est un bon exemple. Sa conception est paramétrique et permet de coller à la trajectoire du soleil dans différentes parties du monde en étant au plus juste pour être rentable. Grâce à un système de stockage d’énergie et de redistribution, cela pourrait permettre selon Tomas d’aboutir à un système où l’on se retrouverait… à troquer un peu d’énergie contre du sucre que nous prêterait notre voisin.

Dans la droite lignée d’un Internet de l’énergie, la FabLab House est présentée comme un projet pouvant être entièrement assemblée en FabLab (Tomas parle de projet « FabLabable« ). Des panneaux solaires flexibles ont été développés en partenariat avec Endesa. Une version verticale de la FabLab House a également été mise au point, qui sera présentée l’année prochaine.

- Green FabLab

Le FabLab Barcelona lance depuis quelques mois un “green FabLab” qui a pour objectif d’être un lieu de recherche pour une autosuffisance à plusieurs niveaux : nourriture, outils, énergie. C’est Valldaura, sur les hauteurs de Barcelone. La permaculture est une des valeurs clés de ce nouveau lieu qui vient d’être rénové. Quand je m’étais rendue à Barcelone au printemps Tomas Diez m’avait déjà exposé ses ambitions.

Vers le mois d’octobre ou novembre, ils ambitionnent d’emmener là-bas de nombreuses machines du FabLab IAAC. C’est également un lieu qui devra être le point de rencontre entre fabrication numérique et fabrication traditionnelle. Un atelier de travail du bois y sera installé. Tomas Diez raconte une sorte d’idéal de fabrication locale dans laquelle “tu veux faire une chaise : tu vas couper le bois dans la forêt d’à côté…” Dans la lignée de ce projet, les résidus ou chutes de bois coupés dans la forêt du domaine de Valldaura pourrait également servir à constituer des filaments ou de la poudre pour l’impression 3D.

- Ruches intelligentes

L’un des gros projets du FabLab Barcelona sont les ruches intelligentes. Lors de ma visite à Barcelone j’avais rencontré un des porteurs de ce projet qui, autour de la fraiseuse numérique où il était en train d’en fabriquer une, m’avait expliqué ses ambitions. L’abeille est l’animal le plus important sur Terre : 80% de ce que nous consommons dépend de l’écosystème qu’elle contribue à garantir.

Il y a actuellement trois ruches à Valldaura et deux implantées à Bruxelles, dont chacune est surveillée et mesurée en permanence : grâce à des capteurs de mouvement, l’état de la colonie est documentée constamment et les entrées et sorties des abeilles dans la ruche sont comptées.

L’un des participants du workshop interrompt Tomas pour préciser que le groupe Open Source Ecology aux États-Unis a déjà expérimenté un système de ruches intelligentes à Denver, Colorado. Il invite aussi le reste du groupe à consulter le projet Open Tech Forever. Tomas Diez rebondit : justement, ils ont pour projet de lancer un crowdfunfing ensemble.

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- Fab10 en ligne de mire

Les initiatives propulsées par le FabLab de Barcelone bénéficient du soutien de la mairie de Barcelone. L’objectif, selon Tomas, est d’implanter un FabLab dans chacun des dix arrondissements de Barcelone à l’horizon des six années qui viennent : “Nous avons comme objectif d’en avoir quatre dans la ville pour FAB10 l’année prochaine, et peut-être même six !” explique-t-il. Tomas Diez en profite pour préciser que l’année prochaine pour FAB10 il aimerait donner plus d’ampleur à l’événement en s’associant à l’Open Knowledge Foundation et au réseau OuiShare. Ce serait alors une manière d’étendre la question, de donner une “Big Picture” du mouvement sans se centrer uniquement sur les fablabs.

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- Smart Citizen project

C’est un projet développé depuis trois ans par le IAAC et par le FabLab de Barcelone. Le kit Smart Citizen est basé sur Arduino. C’est un ensemble de capteurs associé à une application mobile.

« Les Smart cities sont à la mode, mais il ne s’agit pas de créer de nouvelles infrastructures mais plutôt de mettre en question la participation du citoyen. Le Smart Citizen est un citoyen qui n’est pas construit sur le modèle du consommateur tel que la seconde révolution industrielle l’a modelé« , explique Tomas Diez. « Internet se remplit de choses inutiles, c’est contributif mais ce n’est pas suffisant. En tant que citoyen je veux changer les choses concrètement devant ma porte et non dans les lointains horizons d’un réseau. Nous avons une perception vague de l’information, mais actuellement on ne peut rien mesurer nous-mêmes précisément.« 

Autour de la table une dame réagit : “Oui, mais il faudrait déjà que le gouverment ouvre ses données !” Tomas répond, imperturbable : “Qu’est-ce qui a plus de valeur de toute manière, les données que le gouvernement va capter à plusieurs kilomètres au-dessus de ta maison ou celles que tu peux toi-même avoir à ta porte ?

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Smart Citizen est un kit, un “hardware tool”. Avant d’être utilisé au maximum de ses capacités il doit d’abord être compris. N’est pas Smart Citizen qui veut. C’est également dans ce sens que plusieurs campagnes de crowdfunding ont été menées.  »L’objectif est de rendre ces données humaines. Nous avons plus de deux cents capteurs à Barcelone. Par un simple changement dans la localisation du réseau WiFi auquel je rattache mon capteur je peux changer mes données. L’important dans ce projet reste qu’il faut que ce soit FabLabable.« 

L’objectif est aussi de pouvoir ajouter ou augmenter le dispositif, pour d’autres capteurs ou d’autres types de données. Des jeunes japonais, par exemple, demandent à Tomas s’ils pourraient envisager d’associer des capteurs de radiation au projet. La possibilité de lancer des alertes individuelles en fonction des données captées est une option qui existe dans l’application. À Barcelone cela peut permettre d’alerter la Police du niveau de bruit dans la rue ou d’éteindre la climatisation en fonction des températures extérieures.

« Nous sommes environ cent personnes à être actives sur le petit réseau de capteurs que nous voulons lancer. L’objectif serait d’arriver à 10 000 pour FAB10 l’année prochaine. » Pour l’instant, tout cela tourne sans modèle économique défini. Massimo Menichielli pose pourtant la question frontalement à Tomas. Certaines pistes existent néanmoins s’il faut faire du profit : ceux qui voudraient privatiser leurs données pourraient payer, le gouvernement pourrait payer également pour avoir l’exclusivité sur certains sites… “Pour l’instant ce qui rapporte des sous c’est uniquement le hardware (c’est à dire la carte Arduino et les composants).” La municipalité d’Amsterdam a néanmoins récemment fait l’acquisition de cent capteurs, ce qui a permis une partie du financement du projet.

Cette première journée s’achève par l’atelier FabFood Fun : nous apprenons à faire des maki. L’ensemble a été dégusté sur le toit, accompagné de grands verres de saké, de bière et de bonnes rencontres.

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Deuxième jour à FAB9. Quand j’arrive les présentations de la matinée commencent à peine. Aujourd’hui : l’Europe. Hier soir j’ai discuté avec un des membres d’un FabLab ukrainien qui me disait qu’il avait été surpris de voir que dans les FabLabs américains les gens produisent principalement des choses pour s’amuser ou tester les machines alors que dans le sien la dimension de dépannage et d’utilité concrète a un sens important. Les gens y viennent pour réparer, fabriquer des choses absolument nécessaires à leur quotidien. Je crois qu’il présentera son FabLab dans la partie “Reste du monde” après-demain.

Les FabLabs français

Ce serait mentir de dire que je n’ai pas ressenti une certaine émotion lors des présentations d’Emmanuel Gilloz et Laurent Ricard, chacun venus pour montrer leurs FabLabs à l’ensemble de la communauté pour la première fois. Sous le regard approbateur de Neil Gershenfeld, Laurent a même présenté Interfabs, le rassemblement naissant autour de la fabrication numérique en France. Il a pu expliquer en deux mots les intentions du gouvernement français et il a rapidement présenté l’appel à projets FabLabs de la DGCIS.

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Bien entendu la présentation du FabLab de Barcelone a déclenché un tonnerre d’applaudissements, mais la vidéo du FabLab Leon a gagné la palme et a fait explosé de rire la salle. J’étais heureuse de voir la présentation du récent FabLab MUSE à Trente, présenté par Massimo Menichielli et qui a ouvert il y a trois semaines. C’est un FabLab qui s’installe dans un magnifique musée de sciences naturelles conçu par Renzo Piano et qui proposera des activités liées à la vie du musée mais aussi des ateliers sur des formats courts pour des scolaires.

Après le traditionnel Fabbercize effectué aujourd’hui sur un rythme différent de la veille, les présentations se sont enchaînées avec trois interventions plutôt centrées “machines” : Roland DG, l’un des sponsors de FAB9 qui a présenté les activités de son entreprise pendant une demi-heure dans un anglais laborieux, Mike and John du Other Lab à San Francisco étaient en direct par visioconférence, et nous avons pu rencontrer Max Lebowski de Formlabs qui a présenté son imprimante 3D de bureau (non open source). Tous sont des anciens du MIT.

Le jeu des fablabs

À midi, je fais la connaissance de Jean-Michel Molenaar du FabLab de Grenoble. Heloisa Neves s’installe également à notre table, avec à la main le jeu de cartes imaginé récemment par Nod-A et la FING sur l’économie collaborative et les nouveaux modes de production. Les cartes s’appellent “petite série”, “FabLab”, “crowdfunding”, “version bêta”… Cela ressemble à un jeu de sept familles puisqu’elle sont triées par genre : machines, méthodes, projets… Heloisa voudrait profiter du FabFoo pour proposer un atelier de traduction de ces cartes en anglais, portugais et espagnol. En réalité ce jeu de cartes est pensé plus ou moins sans règles du jeu. C’est un objet de discours : on sert les cartes, on les confronte, on les combine, on les teste et on les discute. Autre possibilité : transformer l’ensemble en un jeu de devinettes du genre Tabou. Bref, les règles du jeu sont à inventer.

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Mon après-midi aujourd’hui est plus courte qu’hier : je suis déjà épuisée, et je dois préparer pour samedi une présentation de quinze minutes pour le workshop FabResearch de l’après-midi. J’ai vu sur le programme que sur les vingt papiers proposés seulement trois ont une présentation “longue”. Les autres se partagent un court temps de panel où chacun pourra prendant trois minutes présenter ses pistes de recherche. Et dans le tableau du programme pour les présentations longues mon nom est tout seul là où tous les autres se présentent en équipe. Un peu de stress, donc.

Fab Business incubation

Malgré tout je prends le temps d’assister à ce workshop proposé par Chris Wilkinson du FabLab Manchester. Il fait aussi partie de la team Fab Foundation. “Nous n’avons pas exploré toutes les possibilités pour le business dans les Labs”, commence-t-il. Ce workshop est conçu comme une sorte de grande étude de cas, “non seulement des succès mais aussi des échecs.”  »What are the challenges, what are the generic issues ? » Kamau Gachigi du FabLab de Nairobi prend des notes sur des grandes feuilles pour garder une trace des échanges.

Là où j’attendais une étude de cas avec exemples et récits de parcours et de méthodes, le workshop a davantage été articulé autour de questions liées à la manière dont le réseau international des FabLabs pouvaient encourager, protéger ou accompagner la naissance de start-ups ou de business en tous genres en son sein. Tomas Diez était très présent dans la discussion, pris en exemple à plusieurs reprises notamment pour le projet Smart Citizen qui même s’il est encore en train de chercher son business model est un succès qui s’exporte. Aspect important pour cet exemple : c’est un projet qui pourrait générer de l’activité entre les FabLabs eux-mêmes. Amsterdam et la Waag en ont déjà d’ailleurs acquis plusieurs. La question de la pollinisation dans le réseau des FabLabs semble chatouiller tout le monde.

Peter Troxler est là aussi. Il dit qu’il a un échec à partager : l’International FabLab Association. “Nous n’arrivons pas à vraiment connecter les gens au-delà de leurs Labs”, dit-il.

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« Nous sommes des gens qui voulons changer le monde, on partage tous ça, non ?«  La phrase est de Tomas Diez. Parfois, certaines déclarations dans les débats collectifs paraissent tellement clichées que j’ai du mal à ne pas sourire. Bien sûr, Tomas le dit en riant lui-même et oui, les projets menés au FabLab de Barcelone contribuent à tisser un ensemble de moyens pour produire de l’information au-delà des systèmes existants, proposer de nouvelles pratiques urbaines et de nouvelles logiques de production. Mais bon.

En tous cas tout le monde tombe assez rapidement d’accord : il faut un réseau, un portail pour connecter les gens. Mais, comme le souligne Phyllis du FabLab de Washington, il faut de l’argent pour installer ça, du temps et des moyens.

« Qui a essayé de créer des opportunités business en dehors du réseau des fablabs ?«  demande quelqu’un.  »Faire du business et créer des choses qui ont de la valeur, ce sont deux choses à ne pas confondre« , rectifie Tomas Diez. Chris, qui a affiché sur le mur une série de questions, laisse le débat prendre. On parle d’objets créés pour des besoins personnels qui auraient pu être commercialisés si quelqu’un avait su comment faire. Beaucoup approuvent : il faudrait aider les gens à aller au-delà d’un “marché de niche ». Problème : les contraintes et manières de faire sont différentes d’un pays à l’autre. Kamau note : “La valeur génère du business. La valeur, c’est le réseau ? » À suivre.

>> Source : Article issu d’une compilation de posts publiés sur le blog make hack fab de Camille Bosqué


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